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Crac (collection particulière - Bruxelles)
Barbara STEINBACH, artiste peintre, est née à EMDEN (Allemagne) en 1940. Sa formation artistique à l'École des Beaux Arts et Arts Appliqués de Hanovre, puis à l'Académie des Arts Plastiques de Karlsruhe l'oriente vers la peinture non-figurative, mode d'expression issu du mouvement du Bauhaus.
Résidente en Suisse, puis en France depuis maintenant 40 ans, mariée à un architecte français, elle travaille d'abord à Dole (Jura), puis durant 14 ans à Paris, avant un retour dans le Val d'Amour (Jura). Une spirale création - exposition s'est amorcée et se développe : Dole, Besançon, Dijon, Lyon, Nancy, Paris, Suisse, Allemagne, Autriche.
Sa peinture, brosse ou couteau, est création, construction, expression. Jeu de formes, jeu de couleurs, rythmes et accords, harmonie et cacophonies. Elle suggère, repose, agresse, promène, distrait. Le dialogue est alors incessant, obligatoire, généreux, il nous apprend à voir, à sentir, à être, il est devenir.
Ses thèmes sont alentour, nature, ciel, horizon, objet, en fragments, en structures, à la rupture du concret et de l'abstrait, à la jonction du vécu et du suggéré, aux confins de l'espace et du temps. Rencontre avec l'espace minéral insoupçonné, découverte du mystère de l'eau, voyage au sable saharien, aux horizons océaniques. Instantanés d'une quête permanente. Travail au corps à corps, avec l'émoi, avec le rêve, avec le beau.
Pierre CROZAT
D’abord elle est tranquille, Barbara STEINBACH. Trop tranquille, sans doute. C’est qu’elle est dans le paysage. Dans le ventre du monde, elle triture la glaise braisée, la matière grainée. Elle entend les secousses, se meut dans les glissements, affronte la roche sédimentée dont elle connaît les fissures, les brisures, les aléatoires empilages mais aussi les forces d’équilibre. Puis, sur la ligne de crête, elle lorgne à la brume les frasques du soleil, hume, respire les embrassades saccadées ou fusionnelles des arbres.
Ce « dedans de la terre », remonté à la surface de la toile, est reconstruit de main de bâtisseur. Strates étirées à la spatule formant leurs combes, leurs reculées et terre grosse du soleil font éclat.
Les couleurs triomphent un temps des formes pour décliner, dans le combat et l’harmonie, l’héritage du Bauhaus et de l’expressionnisme.
Travail incessant de l’œil qui accouple des rouges aux violets, fugue avec un vert, revient à l’éternité des ocres, se laisse caresser par la douceur des sables afin d’être à son tour observé, cherché en son iris par les bleus de De Staël.
Sur la toile se lit alors l’accident, dans et derrière le paysage. L’accident qui donne sens, insinue les rondeurs de la ligne brisée, rappelle la mer devant le désert, orchestre un nouveau questionnement.
A l’horizon, un voyage en indigo : des aquarelles – comme chair mordue, griffée – marquées au fer. Nous voila près d’Hartung, de Schneider.
Arc-bouté sur le papier, le geste nu est acculé à s’écouter.
Dominique DAESCHLER
… Ses sources d’inspiration proviennent de la nature, de ses matériaux et de ses effets. L’intitulé des œuvres sous forme d’une numérotation crée, une fois la stupeur de la convention passée, une autre sensibilité dans leur approche, mettant en valeur le caractère évolutif de l’idée. Les variations progressives du thème rendent plus intense et vivante la simple chronologie ainsi établie. C’est le cheminement de la pensée de l’artiste et de ses visions qui se révèle à nos yeux.
Comme une musique, les « suites » de Barbara STEINBACH, cherchent à proposer une conception multiple et séduisante de mondes inattendus et pourtant connus parce que naturels. La richesse de l’interprétation graphique et chromatique de son œuvre ne se résume pas seulement à des études de progressions artistiques : elle met en évidence la relativité de notre perception du caractère de la nature.
Les toiles de Barbara STEINBACH sont une incitation à découvrir les facettes, non pas cachées des éléments naturels. Ciel, terre, eau et végétaux offrent une facette presque abstraite d’une réalité pourtant très figurative. Cette exposition peut être l’occasion d’introduire dans notre œil un regard plus ouvert à la poésie, comme nos oreilles le sont à la musique ou notre corps à la danse.
Galerie Artcadache, Vallorbe – mai 1997
Jean CAVIN